Accueil / actualités / Quels sont les nouveaux défis auxquels est confrontée l’industrie de la construction : faut-il encore construire ?
Retrouvez l’entretien paru dans Construction21 avec notre collaborateur expert dans le domaine Aymeric Bemer qui nous livre des pistes sur la nature de ces défis et sur la manière de les surmonter. Préparez-vous à découvrir un aperçu de l’avenir de cette industrie en constante évolution. De l’impact de la technologie aux pratiques de constructions durables, ne manquez pas votre chance de garder une longueur d’avance et d’acquérir des connaissances précieuses !
« Mieux construire en composant avec de nouveaux défis ».
Aymeric Bemer, ingénieur et enseignant spécialisé en énergie et environnement est chargé d’optimiser la performance environnementale des projets de l’agence d’architecture Patriarche à Lyon. Pour lui, il faut rendre nos villes résilientes face aux phénomènes et transformations à venir.
Cette question est à elle seule le reflet de la cristallisation des grands enjeux de notre époque contemporaine, faisant écho à l’épuisement des ressources, aux impacts environnementaux multi-échelle, et à la récente quantification carbone globalisée de nos actions. Elle est une question autant politique que métaphysique, économique, sociale, culturelle, environnementale et philosophique. L’histoire de l’humanité n’est pas de déconstruire. Il faut en terminer avec l’approche binaire et tenter de comprendre cette complexité avec subjectivité. Il est important de maintenir notre développement afin de proposer les services adéquats au maintien de la santé et la sécurité de tous, en gardant en tête que le secteur du BTP est certes le secteur le plus énergivore et le troisième le plus polluant, mais il reste le premier bassin d’emplois et le rouage économique de notre pays. Même si, comme dans l’exemple parisien, nous émettions le désir de stopper toute construction nouvelle, nous sommes dans une société qui évolue et qui doit rester résiliente, donc il y aura toujours des demandes d’extension d’une aile d’un hôpital afin de répondre à de nouveaux besoins ou proposer de meilleurs services, la création de crèches dans les quartiers en forte demande, la rénovation d’une école en décrépitude, d’un espace public planté rafraîchissant le cœur de ville, de centres culturels et d’équipements sportifs, de logements collectifs, d’infrastructures, etc.
Il est possible d’œuvrer pour continuer à améliorer notre approche en composant avec les nouveaux enjeux énergétiques, du bas-carbone et du vivant. Comparons un bâtiment du siècle dernier aux constructions contemporaines, nous pouvons observer une évolution de la qualité de l’ouvrage, son accessibilité, son confort thermique, sa performance énergétique, sa qualité de l’air, la pénétration de la lumière naturelle, les risques pour la santé, etc. La question n’est donc plus de savoir s’il faut encore construire, mais de savoir comment continuer à mieux construire, en com¬posant avec de nouveaux défis structuraux. Mettre l’efficience au service de la résilience. La mondialisation globalisée a récemment montré ces faiblesses, la résilience nationale doit s’orienter vers une nouvelle organisation interne et doit relocaliser sa production ainsi que son savoir-faire. Nous devons nous préparer à voir émerger un plan national à cet effet. Concrètement, arrêter de construire ne fait pas parti de programme, mais nous devons continuer à privilégier la rénovation et veiller au contrôle de l’étalement urbain en désimperméabilisant et aménager la nature en ville.
Nous, concepteurs et aménageurs, devons désormais veiller à déployer l’harmonisation des liens entre l’Homme et le Vivant. Nous devons ménager l’aménagement. Notre responsabilité en tant que constructeur, peu importe l’échelle de notre action, nous oblige plus que jamais à nous réapproprier les conséquences de nos actes sur notre environnement. Cette responsabilité doit faire partie du programme d’enseignement des écoles d’architecture et d’ingénierie, afin de l’intégrer dans notre approche et nos projets. Il est essentiel d’endiguer l’étalement urbain et contenir l’artificialisation des sols, avec un focus sur le traitement des terres polluées, c’est un consensus de bon sens.
La biodiversité n’a jamais été autant en difficulté et chaque secteur d’activité doit travailler sur son rapport à ce constat, afin d’organiser un changement de cap ferme et urgent. Il est aujourd’hui légal d’artificialiser des zones vierges, mais est-il pour autant légitime et juste de continuer ainsi face au contexte environnemental ? L’action citoyenne alerte et se mobilise afin d’agir à ce sujet. Face ce constat, l’anthropocène doit prendre un nouveau visage afin de donner de la grandeur à un siècle déjà bien entaché.
Propos recueillis par Stéphanie Obadia, Directrice de Construction21
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